Skip to Content
Recherche

Dre Justine Mathe : le monde secret des bactéries 

26 janvier 2026

Partagez ceci :

Photo de Dr. Justine Mathe

Dre Justine Mathe innove en examinant en profondeur les poumons de personnes atteintes de fibrose kystique (FK), en particulier de personnes qui ont subi une transplantation pulmonaire avant que les traitements modulateurs de la FK ne soient largement disponibles. En étudiant ces échantillons de tissus pulmonaires aussi rares que précieux, elle espère découvrir comment les bactéries interagissent avec les cellules pulmonaires pour favoriser la progression de la maladie.  

Dans le cadre de son projet de recherche comme boursière postdoctorale au laboratoire de la Dre Dao Nguyen à l’Université McGill, elle a recours à des technologies avant-gardistes d’analyse de cellules uniques et de cartographie cellulaire — des outils qui permettent aux chercheurs de voir non seulement quelles cellules sont présentes, mais également comment elles fonctionnent et exactement où elles se trouvent dans les tissus. Ces méthodes représentent un progrès énorme par rapport à ce qu’offre l’analyse traditionnelle d’échantillons d’expectorations ou de tissus en vrac. 

« La maladie pulmonaire FK est très hétérogène, explique-t-elle. Certaines régions du poumon peuvent être sévèrement endommagées, tandis que d’autres sont moins touchées. Nous voulons comprendre comment les bactéries présentes dans les diverses régions influencent ces variations et affectent la gravité de la maladie. »  

Ce degré de précision pourrait être un élément clé de la mise au point d’autres traitements personnalisés. Même à court terme, l’identification de schémas d’infection et de réponse immunitaire pourrait aider les cliniciens à prendre des décisions plus éclairées en ce qui concerne le choix d’un antibiotique ou d’autres traitements.  

Bien que les modulateurs de la CFTR tels que Trikafta aient transformé le visage de la FK, tout le monde ne peut pas en profiter. 

Selon Dre Mathe, « on peut se réjouir du fait que de nombreux patients n’ont plus besoin d’une transplantation pulmonaire, mais il reste que les infections jouent toujours un rôle important dans la FK, même chez les personnes qui prennent Trikafta. De nombreux patients continuent de vivre avec une maladie grave. » 

Son étude se concentre sur les espèces bactériennes comme Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus, des responsables connus d’infections pulmonaires en présence de FK. Dre Mathe est toutefois aussi à l’affût de surprises.  

« Nous pourrions trouver des espèces inattendues. Ce projet nous permet d’examiner toutes les bactéries présentes et non pas seulement les suspects habituels. »  

Le financement de ce parcours 

La passion de Dre Mathe pour la recherche microbiologique remonte à ses études de doctorat sur diverses maladies pulmonaires, dont la fibrose kystique, la bronchopneumopathie chronique obstructive et la fibrose pulmonaire idiopathique. Ce sont toutefois la complexité et la variabilité de la FK qui la passionnent vraiment. 

« J’ai toujours été fascinée par les poumons, explique-t-elle. Je voulais mieux comprendre pourquoi ces bactéries pouvaient peut-être avoir une influence sur la maladie. » 

Dre Mathe se dit fière d’avoir reçu en 2024 la bourse postdoctorale Jennifer et Robert Sturgess de Fibrose kystique Canada, accordée au boursier le mieux coté par le groupe d’examen scientifique. 

« Cela signifie pour moi que mon projet de recherche est important, dit-elle. C’est une grande réussite. » 

Au-delà de la reconnaissance personnelle, c’est la possibilité de faire une réelle différence qui la motive. 

« Les progrès auxquels nous avons assisté dans le domaine de la FK au cours des dix dernières années sont incroyables. J’en tire l’espoir que nous puissions continuer à améliorer la qualité de vie de nombreuses personnes atteintes de FK, y compris celles qui ne sont pas admissibles aux traitements modulateurs de la CFTR. » 

Au quotidien 

Les journées de Dre Mathe sont partagées entre le travail pratique en laboratoire et l’analyse approfondie de données. Elle peut, par exemple, préparer des échantillons congelés, faire la séquence de cultures bactériennes ou coder à l’ordinateur.  

« Avec cette bourse, je voulais apprendre des choses nouvelles — et c’est définitivement le cas. » 

Elle acquiert également une perspective clinique très utile grâce à un programme spécial qui lui permet de passer du temps dans des cliniques de FK.  

« Le fait de rencontrer les patients et de leur parler de leurs défis quotidiens me donne un portrait beaucoup plus précis de la FK. C’est très motivant. » 

En ce qui concerne ses plans d’avenir, Dre Mathe prévoit continuer à étudier l’effet des bactéries sur les poumons des personnes fibro-kystiques. Elle veut comprendre pourquoi certaines personnes deviennent plus malades que d’autres et tenter d’utiliser ces renseignements pour les aider.  

« Il reste tant à apprendre! » 

Comprendre les interactions microbiennes dans les poumons touchés par la FK pourrait donner lieu à des changements radicaux dans la façon dont nous traitons la maladie. En examinant de près comment certaines bactéries influencent les différentes cellules pulmonaires, Dre Mathe ouvre la voie à de nouveaux traitements futurs. Grâce aux chercheurs comme elle, cet avenir paraît plus rapproché que jamais.