Service, force et famille : réflexions d’un père sur la vie militaire et la FK
11 novembre 2025Partagez ceci :

Pour de nombreuses familles des Forces armées canadiennes, les mutations font partie intégrante du parcours professionnel : une nouvelle maison, une nouvelle communauté et un nouveau départ tous les deux ou trois ans. Mais pour des familles comme les Babin, qui doivent composer à la fois avec les réalités de la vie militaire et les défis de la fibrose kystique, chaque mutation devient une épreuve de résilience et une preuve de courage.
En ce jour du Souvenir, Mike Babin partage son histoire : celle du père d’une fille atteinte de fibrose kystique et d’un militaire dévoué. Il réfléchit à ce que signifient servir, se sacrifier et faire preuve de courage pour ceux qu’on aime.
Qu’est-ce qui vous a d’abord inspiré à rejoindre les rangs de l’armée?
J’ai travaillé comme pompier forestier pendant mes études. Nous étions souvent transportés en hélicoptère, et j’ai tellement aimé mon expérience que j’ai décidé d’en faire une carrière. J’ai choisi l’armée parce que ce style de vie m’attirait profondément, et parce que j’éprouve un réel désir de servir les autres, ma communauté, mon pays.
Que signifie le jour du Souvenir pour vous, en tant que personne ayant servi dans les Forces armées canadiennes?
Le jour du Souvenir unit tous les Canadiens autour de nos valeurs communes et de notre mémoire collective. C’est un moment pour réfléchir ensemble au prix de la paix et à la reconnaissance que nous devons à chaque vétéran, à chaque militaire et à leur famille. C’est aussi une occasion de faire une pause, de se souvenir de ceux qui nous ont quittés, d’honorer ceux qui servent encore, et de nous renouveler notre engagement envers un avenir plus sûr et plus paisible.
Comment votre temps dans l’armée a-t-il façonné la personne, et le parent, que vous êtes devenu?
La vie militaire m’a appris la loyauté, le dévouement, le courage et le sens du sacrifice. Ce sont des valeurs profondément ancrées en moi, qui guident mes actions que ce soit dans mon rôle de citoyen ou de parent.
Y a-t-il des leçons tirées de l’armée qui, selon vous, vous ont aidé à mieux gérer les défis auxquels vous faisiez face à la maison?
La vie militaire m’a appris la souplesse, la préparation et le sang-froid, des qualités qui m’aident chaque jour à affronter les imprévus et les défis de la vie.
Comment vous êtes-vous senti lorsque vous avez appris que votre fille était atteinte de fibrose kystique?
Personne ne veut entendre que son enfant est malade. C’est une nouvelle qui semble profondément injuste, surtout pour un être dont la vie ne fait que commencer. Chaque jour, j’aimerais pouvoir prendre sa place, juste pour qu’elle puisse vivre une vie normale et s’épanouir.
Quelle a été la partie la plus difficile dans la conciliation entre la vie militaire et le rôle de père d’un enfant atteint d’une maladie chronique?
Chaque année, je passais plusieurs mois loin de ma famille, et je n’étais alors pas aussi présent que je l’aurais souhaité pour m’occuper d’elle. Cette absence signifiait aussi que ma femme, Rea-Anne, devait tout gérer seule pendant de longues périodes et c’était un lourd fardeau à porter.
Votre expérience au sein des Forces armées a-t-elle changé votre façon de gérer la peur ou l'incertitude en ce qui concerne la FK?
L'armée m’a appris à toujours me préparer à l'imprévu, à m'adapter rapidement et à continuer de me battre, peu importe les circonstances. Cette expérience m’a beaucoup aidé à affronter les nombreux défis que la fibrose kystique nous a présentés au fil des ans.
Quels moments de la vie d’Alexie se démarquent comme ceux dont vous êtes le plus fier, même face à la maladie?
Je suis particulièrement fier du courage qu’Alexie a démontré pendant son séjour dans un pensionnat en Italie. Ça n’a pas été une expérience facile, mais elle a persévéré et en est ressortie plus forte que jamais.
Comment les mutations liées à votre travail au sein des Forces armées ont-elles influencé le parcours de votre famille dans les soins liés à la FK?
En raison de nos déménagements fréquents à travers le Canada et à l’étranger, notre fille Alexie n’avait aucune continuité de soins. Elle devait consulter un nouveau médecin tous les deux ans, ce qui signifiait repartir à zéro chaque fois, surtout avant l’arrivée des dossiers médicaux en ligne.
Y a-t-il déjà eu des moments où vous vous êtes senti déchiré entre le devoir envers votre pays et celui envers votre famille?
Oui, je crois que tous les militaires vivent ce tiraillement à un moment ou à un autre. On fait de son mieux, avec le soutien dont on dispose, et on continue d’avancer. Ma femme, Rea-Anne, a toujours été là pour s’occuper de la maison et des enfants, et cela a rendu mes années de service beaucoup plus faciles. Ce qui a été particulièrement difficile, c’est le temps que j’ai passé en Haïti, à aider dans des orphelinats pour prendre soin d’enfants… alors que je ne pouvais pas être à la maison pour m’occuper des miens. C'est ça, une vie de service.
Quel rôle votre communauté militaire a-t-elle joué pour vous soutenir dans les moments difficiles?
La communauté militaire devient souvent notre seule famille lorsqu’on vit loin de nos proches. Elle joue un rôle essentiel en nous soutenant dans les moments difficiles.
Que diriez-vous à d'autres parents militaires qui ont des enfants vivant avec une maladie chronique?
Continuez à vous battre, un jour à la fois. C'est tout ce qu’on peut faire.
Comment définissez-vous la « force » après tout ce que vous avez vécu, tant comme miliaire que comme père?
Pour moi, la force, c’est la capacité de se battre du mieux qu’on peut, sans jamais abandonner. Au fond, faire de son mieux, c’est tout ce qu’on peut demander.
Quels sacrifices les gens oublient-ils souvent quand il s'agit de familles militaires comme la vôtre?
Derrière chaque titre, défilé et médaille, il y a les familles militaires, le pilier derrière l'uniforme. Ce sont elles qui rendent tout cela possible, souvent avec une grâce qui donne l’impression que tout est simple. Je crois sincèrement que nos familles méritent, elles aussi, les mêmes médailles et la même reconnaissance. Elles servent notre pays avec un dévouement exceptionnel, mais elles le font dans l'ombre. Les mutations vers de nouvelles villes, les amitiés à reconstruire, les nouveaux emplois, les nouvelles écoles, les nouveaux médecins, tout cela fait partie de leur réalité. Et puis, il y a les Noëls loin de la famille, les anniversaires et célébrations manqués, ces moments précieux qu’on ne récupère jamais. On ne les remerciera jamais assez.
Comment la résilience de votre fille a-t-elle influencé votre façon de voir le courage et le service?
La résilience exemplaire d'Alexie nous a inspirés à affronter les épreuves avec force. Si elle peut trouver en elle le courage de vivre pleinement, malgré les circonstances, alors le moindre que nous puissions faire est de continuer à l’accompagner.
Quand vous pensez à l'avenir, qu'espérez-vous que les gens retiennent le plus de l'histoire de votre famille?
À chaque étape de la maladie et dans chaque endroit où la vie nous a menés, nous avons toujours essayé d’en tirer le meilleur. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour vivre pleinement, malgré les défis et la maladie.
Si vous pouviez dire une chose à votre fille, ce serait quoi?
Continue de te battre pour ta meilleure vie, Lex, un jour à la fois. Ce n’est pas toujours facile, mais tu es plus forte que tu ne le crois. On est là, toujours derrière toi. xx
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En ce jour du Souvenir, nous rendons hommage aux sacrifices de tous ceux qui servent notre pays, ainsi qu’aux familles qui les soutiennent dans cet engagement. Pour de nombreuses familles des Forces armées canadiennes, le devoir dépasse souvent le champ de bataille. Concilier les exigences de la vie militaire avec la gestion d’une maladie chronique comme la fibrose kystique exige une force et une résilience remarquables. Aujourd’hui, nous honorons non seulement le courage de ceux qui portent l’uniforme, mais aussi la résilience de leurs proches.
